Le 21e siècle nous a été annoncé comme le siècle des neurosciences, mais combien de cerveaux avons-nous ? Selon que l'on considère la question :
à l'échelle de notre crâne
ou à celle de notre corps tout entier
... la réponse qui s'impose – en l'état de nos connaissances – diffère.
Lorsqu'en tant que coach professionnel en ligne je pose cette questions à mes clients, la réponse que j'ai le plus souvent entendue c'est :
- On en a 3, je crois.
Et dans ces cas-là, ma réponse est systématiquement la même :
- Oui, mais lesquels ?...
La morphologie de notre cerveaux
Celui que l'on appelle communément notre "cerveau", c'est le centre nerveux qui prend place dans notre crâne. Doté d'une taille jamais vue dans tout le règne animal, il affole les compteurs en termes de centimètres de circonférence. Et miracle inimaginable pour la pensée même, il y siège la conscience – celle que l'on cherche à développer chez le coaché en identifiant les fondamentaux du coaching...
Plus le temps passe et plus les découvertes que nous faisons sur son fonctionnement sont nombreuses et surprenantes. Cependant, en vulgarisant et de manière empirique, lorsqu'on l'observe du point de vue de son anatomie, il est possible de le simplifier en le décomposant en 3 parties.
Le cerveau reptilien
Placé à la base arrière de notre tête, au-dessus de notre nuque, le cerveau reptilien est a priori le plus ancien de nos centres nerveux. Il demeure de petite taille et centralise les informations nerveuses venues de l'ensemble de notre corps via la moelle épinière.
Sa fonction première est le traitement des perceptions. Il apporte également en temps réel des réponses instinctives aux stimuli auxquels nous sommes sensibles grâce à nos 5 sens. Pour lui, une même stimulation entraine toujours la même réponse. C'est en cela que son fonctionnement peut être considéré comme basique.
Il permet pourtant à tout notre corps de fonctionner en harmonie, c'est-à-dire – selon le principe d'homéostasie – à nos systèmes de régulation (température corporelle, pression artérielle, etc...) de maintenir stables certaines de nos caractéristiques physiologiques.
Notre cerveau reptilien traite les perceptions qui sont les nôtres pour en tenir informées les autres parties de notre cerveau.
Le cerveau limbique
Sensiblement plus gros que le cerveau reptilien, le cerveau limbique est composé de différentes glandes siégeant au centre de notre cavité crânienne. Il est également nommé "cerveau émotionnel" car le groupe de structures de notre encéphale qu'il constitue permet des réponses émotionnelles aux informations sensorielles qui lui parviennent.
Le cerveau limbique détermine en profondeur notre comportement dans la mesure où c'est à travers lui que nos émotions sont générées, telles que la peur et l'agressivité par exemple, mais aussi le plaisir. Il apporte des réponses émotionnelles, rapides et très fortes, aux changements de notre environnement.
Il joue d'autre part un rôle essentiel dans la formation de la mémoire, constituant notamment une véritable "banque de mémoire émotionnelle", qui se révèle être le substrat fertile de notre intuition.
Tout comme le cerveau reptilien transmet des informations nerveuses relatives à la perception, le cerveau limbique transmet au cortex – siège du raisonnement – des informations émotionnelles précieuses et sans lesquelles nous ne pourrions pas prendre de décisions, toutes rationnelles que nous les percevions.
Le cortex
Le cortex cérébral est composé de substance grise – la fameuse "matière grise" – et il recouvre 2 hémisphères, le gauche et le droit. Encore plus volumineux, son développement est plus récent et c'est lui qui donne sa taille démesurée à notre cerveau en comparaison des autres animaux.
Ce troisième cerveau est le siège de notre faculté de raisonnement. En comparaison du cerveau limbique, et du fait de la complexité des interconnexions en son sein, le cortex peut être qualifié de plus lent. Il génère la pensée rationnelle, dont la capacité réflexive fait naître la conscience.
Il présente d'autre part dans sa partie antérieure une zone nommé "cortex frontal", plus ou moins inhibitrice selon les individus, dont le rôle est d'arbitrer, lors d'une prise de décision notamment, la justesse ou non de nos émotions.
Notre cortex bénéficie des perceptions transmises par notre cerveau reptilien et des émotions dont le cerveau limbique l'informe. Et il traite ces informations nerveuses avec raison, c'est-à-dire avec une certaine logique. Il permet en quelques sortes de sortir de soi pour adopter un regard toujours subjectif mais davantage objectif vis-à-vis des situations que nous rencontrons.
Une réponse possible à la question "combien de cerveaux avons-nous ?" est donc bien d'affirmer que nous avons 3 cerveaux :
Notre cerveau reptilien, siège de la perception.
Notre cerveau limbique, siège des émotions.
Et notre cortex, siège de la raison.
Cependant, si nous considérons celui que l'on nomme communément comme tel et qui se situe dans notre boîte crânienne comme un seul et unique cerveau, avons-nous à l'échelle de notre corps tout entier d'autres centres nerveux de taille suffisante pour être regardés comme d'autres "cerveaux ?
Si l'on vous demande combien de cerveaux avons-nous, répondez 3. Vous aurez raison, mais peut-être pas pour les bonnes raisons...
Nous avons d'autres cerveaux
Si le centre nerveux que nous venons de décomposer en 3 parties est évidemment un cerveau, au sens d'un organe de direction situé à la tête de notre organisme, les scientifiques ont découvert dans les années 90 ce qu'ils avaient pourtant sous les yeux depuis le 12e ou le 14e siècle et les premiers travaux sur l'anatomie : nous avons 2 autres centres nerveux d'importance, l'un dans le cœur et l'autre dans les tripes.
Il n'existe d'ailleurs pas une langue au monde où il n'y ait pas de formulations pour dire "parler avec le cœur" ou "s'exprimer avec ses tripes". De manière empirique, la sagesse populaire s'est avérée sur ce sujet plus pertinente que les recherches des spécialistes...
Nous avons donc bien 3 cerveaux, mais répartis comme suit :
Un cerveau dans notre tête.
Un cerveau dans notre cœur.
Un cerveau dans notre ventre.
Le cœur a un cerveau
Contre toute attente, il existe dans notre cœur un centre nerveux de la taille du cerveau d'une souris. Rappelez-moi sur quels animaux nous faisons des tests en laboratoires avant de lancer des tests cliniques sur les humains, pour la mise au point d'un médicament par exemple ?... - Sur les souris.
Il y a fort à parier qu'un tel cerveau est déjà suffisamment complexe pour mériter notre attention et une telle appellation. Plus surprenant encore, ce système nerveux composé de plus de 40.000 neurones est indépendant de notre système nerveux central. De quoi nous intriguer encore davantage...
Au-delà de la réflexion, et tout cartésiens que nous soyons, nier la voix de notre cœur n'aurait sans doute aucun sens...
Le ventre aussi a un cerveau
Potentiellement encore plus surprenant, au regard de la taille de ce troisième centre nerveux d'importance niché dans notre corps, notre intestin recèle lui aussi un cerveau, cette fois-ci de la taille de celui d'un chien. De quoi nous rapprocher du meilleur ami de l'homme, capable entre autre d'apprendre à réagir d'une certaine manière selon les indications de son maître : "assis, couché, debout..."
Comment être passé de si longues années à côté de ce qui, pour un chirurgien, se voit comme le nez au milieu du visage ? Tout lové qu'il soit au creux de notre intestin, et s'il est loin des 100 milliards de neurones de celui qu'on nomme communément le "cerveau humain", ce cerveau est tout de même riche de 500 millions de cellules nerveuse.
Dans tous les cas, ce système nerveux entérique mérite toute notre attention tant c'est dans notre ventre que se concentrent nos frustrations et autres sentiments allant du stress, à la rage ou même aux papillons...
Le fait que nous ayons redécouvert comme des évidences l'existence de ces 2 autres cerveaux humains dans les années 90, décennie même où internet et la pensée en réseau ont pris leur essor, ne peut être une coïncidence. C'est lorsque nous avons commencé à penser de manière décentralisée, lorsque nous nous sommes ouverts à la complexité, que celle du vivant et celle de notre propre corps, de notre propre pensée, nous a été révélée.
Et en allant encore plus loin, les scientifiques en arrivent à se demander si notre véritable cerveau, le plus complexe que nous ayons, ne serait pas en quelques sortes hors de nous-même...
Et si notre véritable cerveau se trouvait en dehors de notre corps ?
En effet, les récentes découvertes sur notre microbiote intestinale sont vertigineuses. Les milliards de bactéries contenues dans nos kilomètres d'intestin – c'est-à-dire tout bonnement en dehors de notre corps – influent de manière déterminante sur notre psychisme.
Imaginez qu'aujourd'hui nous savons guérir certaines formes d'autisme avec des probiotiques...
Notre microbiote participe activement au fonctionnement de notre cerveau et à la régulation de nos humeurs. Il ne fait plus aucun doute que les bactéries de notre tube digestif agissent sur un état dépressif par exemple. Au point que ces parasites – au sens d'organismes qui vivent aux dépens d'un autre – pourraient être considérés comme un autre de nos cerveaux ? - Sans aucun doute.
Nous l'avons vu tout au long de cette chronique, plus on s'intéresse au cerveau humain et plus la complexité de notre corps et de la pensée qui en émane se révèle à nous. Nul doute que d'autres découvertes nous attendent encore sur ce sujet si essentiel pour notre identité. Alors, selon vous, combien de cerveaux avons-nous ?