Et si vous aviez un point commun avec les héros de Marvel et les mutants des X-Men ?
Si vous disposiez depuis toujours d’un super pouvoir que vous ignorez détenir ? Celui d’influer sur le cours des choses et de provoquer votre destin…
Comme tous les super pouvoirs il est d’abord un fardeau pour qui le découvre, avant que vous ne parveniez à le maîtriser et à en tirer du positif, pour vous et pour les autres.
Le destin d’Œdipe
Avant d’être devenu un célèbre complexe aux yeux de Freud et de la psychologie, Œdipe fut d’abord un mythe antique qui inspira plusieurs tragédies grecques dont l’Œdipe roi de Sophocle (425 avant J.-C.). En tant que coach à Toulouse, je le prends souvent en exemple lors de mes séances de coaching.
Alors que le roi et la reine de Thèbes attendent un enfant, ils se rendent à Delphes pour interroger l’oracle sur la naissance à venir. La Pythie leur délivre sa prophétie : le nouveau-né sera un garçon, qui tuera son père et épousera sa mère. Lorsque quelques mois plus tard, un petit garçon nait, il est abandonné par ses parents en pleine nature afin d’éviter que la prophétie ne se réalise. Le jeune Œdipe est alors pris en charge par le roi et la reine de Mycènes, qui l’élèvent comme leur propre fils. 20 ans plus tard, à la croisée des chemins, Œdipe est confronté à un vieil homme sur son char avec qui, pour une banale histoire de priorité, il finit par se battre. Œdipe tue ainsi le roi Laïos dont il découvrira plus tard qu’il était son véritable père. De fil en aiguille, en faisant notamment preuve de la clairvoyance nécessaire pour résoudre l’énigme du Sphinx, Œdipe devient le héros de la cité de Thèbes et finit par épouser la reine Jocaste, sa mère… Il a malgré lui accompli le destin que la prophétie lui avait assigné.
Le ressort tragique
A bien y réfléchir, que ce serait-il passé si Laïos et Jocaste n’étaient pas allés trouver la Pythie pour connaître l’avenir de l'enfant qu'ils attendaient, si l’oracle n’avait pas prononcé ces paroles funestes ? Il y a fort à parier que les parents auraient accueilli la venue au monde de leur fils comme un don du ciel, qu’ils l’auraient choyé et élevé avec amour, de telle sorte que le drame ne se serait jamais joué. Sans prophétie autoréalisatrice, la tragédie est désamorcée. Sans la parole semée, point de destinée – qu’elle soit sombre ou lumineuse... C’est d’ailleurs sans doute ce que questionne le roman La tache de Philip Roth (2000), dans lequel le héros ne prononce jamais les mots qui suffiraient à le disculper d’avoir tenu des propos racistes, lui le professeur d’université émérite, « nègre blanc » dont l’ascendance noire n’est pas révélée.
Toutes les tragédies, qu'elles soient antiques ou classiques, illustrent ce ressort tragique qu'est la prophétie réalisatrice. Ce sont les mots prononcés qui provoquent le drame. Et c'est en mettant tout en œuvre pour que la parole soit dédite que les héros tragiques la réalisent, qu'ils provoquent ce qu'ils redoutent. Leurs craintes s'avèrent de bien mauvaises conseillères. C'est cet étrange pouvoir réalisateur des mots – qui questionne notre libre arbitre en présentant les hommes et les femmes comme des marionnettes prisonnières de leurs croyances – que le Macbeth de William Shakespeare (1605) expérimente pour son plus grand malheur après avoir écouté les prédictions des 3 sorcières. Lady Macbeth et lui en deviennent littéralement fous...
« Souvent, pour nous attirer à notre perte, les instruments des ténèbres nous disent des vérités ; ils nous séduisent par d'innocentes bagatelles, pour nous pousser en traîtres aux conséquences les plus profondes. » Macbeth, William Shakespeare
La parole et le pouvoir
Ce n'est pas un hasard si c'est à Athènes au 5e siècle avant J.-C. que le théâtre tragique devient un art majeur. Au même moment et pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, la tyrannie laisse place à la démocratie dans les murs d'une cité. Les citoyens se retrouvent en place publique, sur le forum, pour débattre et influencer les décisions prises désormais collectivement. Dans un contexte où la philosophie est dominée par les sophistes – qui prétendent que tous les points de vue, tous les intérêts, se valent et peuvent être défendus avec une bonne rhétorique – la tragédie grecque vient souligner le pouvoir de la parole et la responsabilité de celui qui l'émet. Capable d'influer sur les décisions prises et sur le cours des choses, la parole devient par essence politique et son caractère autoréalisateur l'un des fondements de la pensée occidentale.
De nos jours, avec l'avancée des neurosciences et une meilleure compréhension des mécanismes de la pensée, ce n'est plus seulement nos paroles dont la capacité autoréalisatrice est mise en avant, mais nos pensées elles-mêmes. Ce que l'on pense à tendance à advenir. Nos pensées sont autoréalisatrices. D'abord parce qu'elles agissent comme des verres déformants au travers desquels nous percevons la réalité et, plus directement, parce que nous agissons en fonction d'elles. Ce en quoi nous croyons tend à se réaliser. La tragédie ne se serait pas jouée si Laïos et Jocaste n’avaient pas cru les propos de l’oracle sur leur fils Œdipe. On saisit ici pourquoi en coaching la croyance est considérée comme l'un des fondamentaux sur lequel il est important de mettre le doigt. Si le monde peut paraître absurde, il est essentiel de comprendre quel sens nous lui donnons grâce à tout un système de croyances qui, certes nous aide à l'habiter, mais s'autovalide également et – lorsque ces croyances sont limitantes – nous bloque dans notre capacité à agir, à nous comporter différemment.
Les enseignements de la méditation
Bien souvent, nous nous identifions à nos pensées. A nos yeux, plus que notre corps ou ce que nous possédons, nous sommes ce que nous pensons. Nous nous définissons au travers des fruits de notre esprit, de nos idées. Ce serait cette petite voix dans notre tête, qui n'est que rarement en pause, qui serait le plus intimement nous. Pourtant lorsque nous pratiquons la méditation et restons immobiles à ne rien faire, ne serait-ce que quelques minutes, le constat est sans appel : 90% de nos pensées sont automatiques et il est bien difficile de les contrôler... Pire, elles consistent le plus souvent en des injonctions négatives à notre égard : "j'ai encore oublié de faire ceci", "je ne suis pas assez cela", qui rappellent furieusement celles que nous formulaient nos parents lorsque nous étions enfants. Et si c'est la constatation que nous partage Eckhart Tolle dans son best-seller Le pouvoir du moment présent (1997), il nous suffit de nous assoir un moment sans rien faire pour nous en rendre compte.
En observant d'une part que vos pensées sont autoréalisatrices, comme les prophéties dans les tragédies, et d'autre part qu'elles ont tendance à être négatives vous concernant, il est possible de mieux comprendre les difficultés que vous rencontrez au quotidien. Tous ces obstacles que vous trouvez sur votre chemin, toutes ces barrières que vous rencontrez, ces blocages que vous ressentez, pourraient malgré vous prendre souche dans votre esprit, en vous-même. Il ne s'agit évidemment pas ici de vous culpabiliser mais de vous faire prendre conscience que vous pouvez retourner le pouvoir autoréalisateur de vos pensées à votre avantage. Vous pouvez en tirer bénéfice. Pour commencer à vous comporter différemment, pour ne plus répéter ces schémas qui reviennent sans cesse dans votre vie et ainsi casser les cercles vicieux, il s'agit d'apprendre à penser différemment. C'est à cette reprogrammation émotionnelle et intellectuelle si vertueuse que contribuent les exercices de PNL (Programmation neuro-linguistique) que vous fait pratiquer votre coach professionnel durant vos séances de coaching.
La pensée positive : vision et action
Il n’est donc pas si naïf de considérer la pensée positive comme un moyen efficace d’influencer le cours des choses à votre profit. Elle participe en effet à la fois de votre vision des événements et à ce qu’ils basculent en votre faveur. Lorsque vous appréhendez le monde avec positivité, votre regard agit comme un prisme déformant. Il vous permet de voir les choses du bon côté, de les interpréter à votre avantage. Ce n’est pas un hasard si Œdipe, découvrant son parricide et l’inceste dont il s’est rendu coupable, finit par se crever les yeux. Certes, il matérialise de la sorte son aveuglement jusque-là – lui qui pourtant avait su « voir » la réponse à l’énigme du Sphinx… –, mais il illustre surtout par ce geste la défaillance de sa vision des choses car, après tout, tout ceci n’est advenu que malgré lui. Objectivement, y a-t-il lieu de se sentir coupable de ce qu’on ignorait ? En se punissant – en cédant à la tentation de la démesure au sein d’un monde grec prônant la tempérance –, Œdipe ne répète-t-il pas la faute d’hubris ? N’exige-t-il pas de lui-même une omniscience dont seuls les dieux sont capables ?
En portant un regard positif sur vous-même et sur le monde qui vous entoure, vous levez les freins que vous aviez jusque-là et vous mettez à faire les choses, à agir avec un surcroit de conviction et de détermination – d'autodétermination. Pratiquer la pensée positive, vous entrainer à voir les choses du bon côté, à visualiser et à vous dire que vous allez réussir plutôt qu'échouer, c'est adopter une posture très efficace pour passer à l'action et réussir. Cette approche est bien moins simpliste qu'il n'y parait. Car si elle peut sembler très anglo-saxonne, difficilement conciliable avec la culture complexe de notre Vieux continent, il est important de noter que les principes qui la sous-tendent viennent du berceau même de la civilisation européenne. Ils viennent d'une citée athénienne qui s'éveillait à la philosophie et où déambulait un homme modeste qui disait qu'il ne savait rien mais qui posait un tas de questions, pour faire accoucher les autres de leur âme... J'ai nommé le tout premier parmi les coachs : Socrate.